Ma gorge avale un cortège
De bagages vides
Portés par des femmes
Toutes de noir vêtues
Je devine en strates
La voix de celle
Par qui la vie m’a été donnée
Je l’entends crier en moi-même
Un cri
Privé de matière
Hérité du silence séculaire
Je voudrais donner ma bouche
A un arbre un oiseau une pierre
Étiquette : écriture
All of us
J’applique à la lettre
Les lueurs enveloppantes
Que m’offrent la lune
Comme des voiles vaporeux
Qui plient sous le vent.
Ton corps déridé
Tendu comme un arc
Avale les mots entiers
Comme navire
Qui ferait naufrage
Comme humidité noire
Qui serait muette
Ton visage emporté
Par le vertige
Imprègne ton souffle
Du péché de la vie
Lève les yeux
Invente le chemin
Et consent doublement
À voir en nous
Le nous tous
Songe alaire
Là s’envoleront les serments
Trésors prisonniers
Dans le ciel à secrets.
De combats homériques
En silences de nuits éclairées
L’Arbrisseau têtu
Grandit et demande Amour
Hésite dans l’immensité céleste
A jouer dans le vent et le soleil
Il garde au corps des traînées aériennes
Se dit
Les souvenirs ne peuvent lever les yeux
Seulement
Le vent seul complice ramène les mots
Le soleil seul complice marque la peau
Vagabonde
J’ai abandonné
Le chemin sur ma gauche
Trop encombré
Le chemin sur ma droite
Trop incertain
Le chemin présent
Passe par le corps
Bravant l’espace
Il s’accorde à l’œil nu
Aux curieuses matières
Je marche
Les yeux fermés
Mollement envahie
Par les ardeurs piétinées
Le ciel dans les bras
Ne soulage pas de la désolation
Phénomènes habituels
De calques de claques
Qui pour un instant
Supportent le fardeau
La quête
Lumière d’août dans le vent du sud
Nu-pieds à la recherche de ses pas
Il flotte dans le tumulte de ses pensées
Un îlot de sagesse
Quête inaboutie de son songe d’humain
Rieur par défaut, prieur en dessous.
Il jette son être tout entier dans la tourmente
Au lieu de scinder son ego
En deux parts égales.
Malheur lui dira-t-on
Bonheur se dit-il
La grande roue
Je participe à la ronde
Selon lui
La terre vire
Ajuste l’optique
Des menaces
Digère le festin
Et considère
Le mur vide
Je participe à la ronde
De ce monde
Dans une béatitude souveraine
Éclairée par la seule volonté
Déclinante parfois
De prières à sang noir
Finistère
Je ne veux pas que tu t’attaches
Garde tes distances
Dans la brume pervertie
Ta main dépourvue de bonté
Travaille sur la reproduction
Je ne ressens rien d’humain
Hormis la mécanique
Décollés du palais
Que deviennent les mots ?
Portent-ils loin les signes
De la lointaine eau claire ?
Où faire recommencer
Les terres amoureuses
Les sables remués
De galets s’accordant
Au premier chant finistère
Les corps réfractaires
Approche-toi du sommet pour sentir l’ivresse
Les poumons se gorgent d’air innocent
Qui gagne en symbole visionnaire
Et les retours de lumière
Frappent les lunes voilées
Je te tiens pour glorieux
Mais les formules apprises
Dans les temps anciens
N’enivrent que les éperdus
Et passé cette folie
Les pieds se recroquevillent
Dans des terres si molles
Que le corps tout entier
Abandonne une à une
Ses cellules réfractaires
Courants d’air
Passez les courants d’air !
Le passé
Libre comme l’air
Glace les sangs
Dans les abris dégelés
Les congères entassées
Sur les bas-côtés
Libèrent au compte-gouttes
Les hivers fragmentés
La terre dure comme l’acier
Cache l’ombre décharnée
Et la cendre dispersée
Enveloppe au couchant
Les oiseaux laborieux
Miró plus… Léger
La place que tu prends
Quand tu n’es pas là
Plus que Miró plus… Léger
Tu navigues dans les formes
Aussi palpable qu’une orange
La place que tu prends
Quand tu t’égares
Plus que Miró plus… Léger
Le temps à contretemps
Tourne en messages silencieux
La place que tu laisses
Quand ton amour s’arrache
Plus que Miró plus… Léger
De l’espace bancal