Jardin d’hiver

Où être elle
Pas par la fenêtre
Non plus derrière la porte
Où l’hiver
Venu au monde en plein été
Où passer au travers
Tomber nuits chargées de trésors
Où partir
Non, pas un pas, le ciment durci
Où bien vivre
Je veux dire ici
Funeste terre connue
Où marcher nue
Au milieu de l’obscur
Sous une pluie d’artifices
Où main gauche perdue à jamais
Abandonne plume zélée à dessein
Où ne plus la peur du mal
Voilà le temps, désunies
Où paradis
A l’envers, en enfer
Où es tu beauté
Pas sous le cerisier non plus, perdue
Où trouver moi
Reprendre de la lumière
Ou disparaître

Poison d’Avril

Bitter Earth Encre C.Freygefond

La joie de mars
Le coeur bourgeonne
Pour cette heure d’avril
Je me disais
Dépêche toi
Monte aux arbres
Accroche toi comme le lierre
Astique chaques feuilles
L’oeil du soleil doit voir ça, une fois
Mon corps pressé, pressant
La peur en apnée
Que ce n’est plus la peine
J’ai tout inventé
Tout ce bleu pour rien
Je savais que l’hiver reviendrait

Ghost

Des fantômes dans les yeux
Brillants comme des météores
Me visitent chaque nuit.
Ils me pressent m’étouffent
Leurs âmes chevillées au corps
Je les entends me dire
A quel jeu joue t’on
Dans cet étrange croisement de vie?
Aujourd’hui un pied dans le soir
Je monte une à une les
Seize marches couleur automne.
A un pas de la porte des lumières
Je lève les yeux sur l’alliance sororale
Et je me dis
Le temps presse
Pour y voir les lamelles d’or
Qui me guideront vers l’autre monde
Je baisse les yeux à présent
Sur la lenteur ou chaque minute
Me fige dans la prostration
De ce même temps qui file en ligne droite
Ce soir et demain
Ne verront plus l’amour
Ne battront plus l’air
D’attendre le sublime
Pour un mot
Un plan, le dernier
Abattre un pan de vie
De ce divin chagrin
Et, de ces vapeurs de cendres
Renaître comme
La fleur de saison
Couleur de fantôme
Rencontré chaque nuit

Ma peau

Fallait tout quitter, ma vivante

Maintenant, tout de suite

La poison, celle qui t’a presque tuée

Celle de l’entre-deux

Située exactement entre le un et le trois

Elle t’as détournée, embaumée, l’épousée

Prise dans ses filets

Empaillée dans ce musée

Dans cette histoire pas naturelle

Poussée à la fin, la faim au ventre, mon affamée

Ils étaient deux dans la barque

Charon à la barre

Elle, pour te noyer

Ta nage les a cloués là, ma trépassée

Sortie de l’enfer

Pour rejoindre le grand fleuve

Celui où la vase sert de ciment

À plus lourd qu’un bateau

C’est le grand temps, ma ressuscitée

A quai

C’est ton ombre pris dans des bras

Que je vois fantôme

Tu iras danser

Un œil ouvert, derrière

Sur le port de plaisance

Y trouveras compagnie de deux agates bleues

Que tu pousseras délicatement

Combien de cris sortiront de ta bouche

Pris dans des mains

Qui te feront valser

Un haut le cœur

Dans ce virage serré

Oh mon cœur, dans la gorge

Combien de souffles jusqu’à l’aube

Il me faudra trouver

Dépoussiérer

Un rebord, quelque part trouver un repère

Où je ferais le mort et j’y entendrais

Des mots inaudibles sortir de ta bouche

Quand tu monteras

Sur le cheval de Dalecardie

Une nuit, un matin

Tu embrasseras des lèvres

Un doigt devant le rêve divin

Tu la prendras par la main

Celle-là ou une autre

Et dans la nuit, une nuit

Un Capitol fantôme

Partira à la bonne heure

Petit nom, petite mort

Sans correspondance

Des tronçons d’autoroutes

Des kilomètres lus bout à bout

Combien en mots vrais

Je suis à combien de l’arrivée

Sans titre

Combien de valises a porter

Mon âme en mille morceaux

Mon âme qui brûle dans un sac

Demain, je renaîtrai en particules de pierre

Les pieds baigneront dans une fontaine fraîche

Ma vie me suivra en ronds de larmes

Et je verrai défiler les années

En toute discrétion

Dans ce silence qui vacille

Sentir un jour, mon amour

Le poids de ton corps

Ce corps attendu

Dans le bleu ciel ou bleu sang

Je ne sais plus où marquer le temps

je suis devenue ce que je suis

Je suis devenue l’abandon

Enterrée sous un silence

Pris dans le vent

L’antichambre

A la croix tête en bas

Dévisser

D’un bras

D’une main a plat

Comment supporter un tel poids

Se sentir écraser par son propre sang

Face contre poussière

Le poids de soi est lourd

Que n’ai je su jouer des poings

Pour battre ma mémoire

A la croix tête en bas

Derrière ce temps

Jour comme nuit

Et l’autre qui file

Dans l’entre deux qui gronde

Puissent les étoiles se déraciner

Et tomber en cendres

Brûlantes

Faire nuit

Qu’elle ne cesse

Que n’ai je appris à creuser

Pour enterrer mes yeux, ma bouche

L’essentiel à la surface

Un corps léger

Qui se penche avec le vent pour ne pas tomber

Est ce que la mort nous pardonne

Sis

Les étincelles de la pensée
Se posent en lumière soudaine
Sur les formes astrales

Les mots tombent
Au fil des temps

Des vers mourant
De ne pas être
De ne pas avoir

Une vérité
Que l'on fait entrer dans l'oubli

Les comptes détaillés
De mes sœurs

Considérant l'exploitation
Pièce par pièce
Du genre nouveau

Elles me deviennent vérité
Lors de leur entrée dans l'oubli