Jardin d’hiver

Où être elle
Pas par la fenêtre
Non plus derrière la porte
Où l’hiver
Venu au monde en plein été
Où passer au travers
Tomber nuits chargées de trésors
Où partir
Non, pas un pas, le ciment durci
Où bien vivre
Je veux dire ici
Funeste terre connue
Où marcher nue
Au milieu de l’obscur
Sous une pluie d’artifices
Où main gauche perdue à jamais
Abandonne plume zélée à dessein
Où ne plus la peur du mal
Voilà le temps, désunies
Où paradis
A l’envers, en enfer
Où es tu beauté
Pas sous le cerisier non plus, perdue
Où trouver moi
Reprendre de la lumière
Ou disparaître

Lost

Un temps de chien
Il pleut, encore et encore
J’ offre mes yeux
Aux gouttes salées
Pour y réfléchir mes pensées
     Je te connais
Mes paumes de mains
Pour que germe la perte
      Je sais plus tout
Je souffle au vent d’automne
Qu’il dépose mon âme
Au fond de mon cœur
Parce qu’ au fond….
        Il y a

Ghost

Des fantômes dans les yeux
Brillants comme des météores
Me visitent chaque nuit.
Ils me pressent m’étouffent
Leurs âmes chevillées au corps
Je les entends me dire
A quel jeu joue t’on
Dans cet étrange croisement de vie?
Aujourd’hui un pied dans le soir
Je monte une à une les
Seize marches couleur automne.
A un pas de la porte des lumières
Je lève les yeux sur l’alliance sororale
Et je me dis
Le temps presse
Pour y voir les lamelles d’or
Qui me guideront vers l’autre monde
Je baisse les yeux à présent
Sur la lenteur ou chaque minute
Me fige dans la prostration
De ce même temps qui file en ligne droite
Ce soir et demain
Ne verront plus l’amour
Ne battront plus l’air
D’attendre le sublime
Pour un mot
Un plan, le dernier
Abattre un pan de vie
De ce divin chagrin
Et, de ces vapeurs de cendres
Renaître comme
La fleur de saison
Couleur de fantôme
Rencontré chaque nuit

Ma peau

Fallait tout quitter, ma vivante

Maintenant, tout de suite

La poison, celle qui t’a presque tuée

Celle de l’entre-deux

Située exactement entre le un et le trois

Elle t’as détournée, embaumée, l’épousée

Prise dans ses filets

Empaillée dans ce musée

Dans cette histoire pas naturelle

Poussée à la fin, la faim au ventre, mon affamée

Ils étaient deux dans la barque

Charon à la barre

Elle, pour te noyer

Ta nage les a cloués là, ma trépassée

Sortie de l’enfer

Pour rejoindre le grand fleuve

Celui où la vase sert de ciment

À plus lourd qu’un bateau

C’est le grand temps, ma ressuscitée

De profundis

Je prends à pleines mains le sable
Et le jette à la figure
Des derniers relents de mémoire
Sous la voûte
Les pierres mal jointées
Transpirent un parfum de moisi familier
Qui soulève le cœur de l’araignée
Elle tricote pourtant
Dans le jour et la nuit
De l’ampoule mal ficelée
Bout de fil aussi
Qui s’allume et s’éteint
Et qui donne un semblant de vie
Au sombre désordre
De cette profonde cave

Miró plus… Léger

La place que tu prends 
Quand tu n’es pas là
Plus que Miró plus… Léger
Tu navigues dans les formes
Aussi palpable qu’une orange
La place que tu prends
Quand tu t’égares
Plus que Miró plus… Léger
Le temps à contretemps
Tourne en messages silencieux
La place que tu laisses
Quand ton amour s’arrache
Plus que Miró plus… Léger
De l’espace bancal